En bouteille ou au robinet : l’eau potable, un sujet de consommation brûlant.

En 2024, l’Adéic fait de l’eau potable l’un de ses principaux chevaux de bataille. L’association a demandé au CNA (Conseil National de l’Alimentation) et à sa présidente Mme Laurence Maillard-Mehaignerie l’ouverture d’un groupe de travail sur la qualité de l’eau.

Pourquoi cette demande ? Puisque la question de l’eau potable et de son traitement est plus que jamais d’actualité. En janvier dernier, nous apprenions, par l’intermédiaire de l’AFP[1], que les multinationales Nestlé Waters et Sources Alma (Cristalline) usaient de traitements interdits pour « purifier » leur eau, pourtant estampillée « naturelle » ou « de source ». Nestlé Waters avait confié dès 2021 aux autorités gouvernementales utiliser des traitements comme du charbon actif ou des UV pour garantir leur « sécurité alimentaire ». Or, cela rentre en contradiction avec le règlement des eaux minérales naturelles en Union Européenne, et cela s’assimile à une tromperie pour le consommateur, qui croit boire de l’eau tout à fait « naturelle ». L’association Foodwatch a d’ailleurs déclaré ce mercredi 21 février qu’elle allait « porter plainte » contre le géant Nestlé, estimant que « C’est une fraude massive dont Nestlé Waters, le groupe Sources Alma mais aussi l’Etat français devront répondre »[2].

Nanoplastiques et pesticides : voyage en eaux troubles.

La question de la qualité de l’eau en bouteille se pose également aujourd’hui en raison de la pollution aux microplastiques. En juillet 2022, une étude de l’association Agir pour l’environnement révélait qu’en France, 78% des bouteilles d’eau vendues contenaient des particules de plastique, provenant de la bouteille, du bouchon, et du processus d’embouteillage. En janvier 2024, une étude américaine relayée par Le Monde[3] faisait état d’environ 240 000 nanoparticules de plastique par litre d’eau testée, soit de cent à mille fois plus que précédemment rapporté. Nous n’en sommes qu’au début d’une prise de conscience vertigineuse de la présence des plastiques dans l’eau consommée, et les études scientifiques sont trop peu nombreuses pour savoir à quel point cette présence est nocive pour la santé humaine. Toujours est-il que les associations de consommateurs doivent être plus que jamais vigilantes et informer au mieux les consommateurs sur l’eau qu’ils achètent.

Enfin, l’ouverture de ce groupe de travail vise à évaluer la qualité de l’eau du robinet, elle aussi au centre de problématiques sanitaires et écologiques. Ainsi, un récent rapport de l’Anses a fait état de plus de 150 pesticides détectables dans l’eau potable en France[4]. Un résidu de pesticide, le chlorothalonil, a particulièrement alerté  : interdit depuis 2020 en raison d’un potentiel effet cancérogène, il est resté détectable trois ans plus tard, dans plus d’un échantillon sur deux. En plus des pesticides, l’Anses a également révélé la présence surprenante de résidus d’explosifs, liés aux activités militaires du siècle passé, ainsi que d’un solvant cancérogène, présent dans 8% des échantillons analysés. Cela montre à quel point notre eau est fragile, soumise à la présence persistante de substances nocives, même plusieurs années après leur interdiction. La récente décision du gouvernement, de mettre « en pause » le plan Ecophyto censé limiter la présence de produits phytosanitaires dans les cultures, va certainement contribuer à dégrader encore davantage l’eau qui sort de nos robinets.

Produit de plus en plus rare et précieux, nous avons encore la chance, en France, d’avoir de l’eau potable au robinet. Mais de plus en plus de territoires font exception, en termes de qualité comme en Bretagne, mais aussi de quantité, comme dans les Pyrénées-Orientales, où certains villages ne sont plus approvisionnés que par camions-citernes. Sans compter les territoires où l’eau est polluée sans que les consommateurs n’en soient informés.

L’Adéic lutte pour une information claire, sans ambiguïtés auprès des consommateurs, et une consommation en toute conscience. C’est pourquoi elle appelle de ses vœux une concertation qui réunisse scientifiques, acteurs de la vie associative et instances gouvernementales, pour aborder frontalement ce sujet de santé publique et garantir le droit à une eau de qualité.

 

Les sources :

[1] https://www.lemonde.fr/sante/article/2024/01/29/nestle-reconnait-avoir-eu-recours-a-des-traitements-interdits-sur-des-eaux-minerales-pour-maintenir-leur-securite-alimentaire_6213670_1651302.html

[2] https://www.ouest-france.fr/economie/consommation/scandale-des-eaux-minerales-desinfectees-foodwatch-porte-plainte-contre-nestle-182ed306-d0a6-11ee-bb1e-59012ec94aef

[3] https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/01/09/une-nouvelle-methode-d-analyse-revele-la-presence-massive-de-nanoparticules-de-plastique-dans-l-eau-en-bouteille_6209933_3244.html

[4] https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/eau-potable-en-france-ce-qu-il-faut-retenir-du-rapport-de-l-anses-qui-revele-une-vaste-contamination-aux-residus-de-pesticides_5755724.html

Éducation à l’alimentation en France : où en sommes-nous ? Le Conseil national de l’alimentation fait le point.

[Communiqué de presse]

En 2019, le CNA publie l’avis 84 sur l’éducation à l’alimentation qui s’inscrit dans le prolongement de ses travaux sur la promotion d’une alimentation favorable à la santé. 5 ans plus tard, un groupe de travail se mobilise afin de faire le point sur la mise en œuvre de ses recommandations. Le constat est sans appel, ses recommandations sont partiellement réalisées malgré l’existence d’actions territoriales allant dans le sens des deux ambitions de l’avis : promouvoir une éducation à tous les âges de la vie pour rendre autonome et construire une vision globale de l’alimentation et aller vers une cohérence et une complémentarité des messages.

Composé de membres représentants tous les collèges du Conseil national de l’alimentation et présidé par le Professeur Daniel Nizri, un groupe de travail interne au CNA a mené le suivi des 9 recommandations clés de son avis 84 sur l’éducation à l’alimentation. Ces recommandations, dont certaines font l’objet de dissensus, portent sur les outils et méthodes d’éducation à l’alimentation, la formation des professionnels, l’accompagnement des parents, le rôle de l’école et l’environnement alimentaire de toutes et tous. Malgré de nombreuses actions menées dans les territoires qui vont dans le sens des ambitions de l’avis, le groupe s’est accordé à dire que ces recommandations sont toutes partiellement réalisées et qu’elles nécessitent un changement d’échelle, par exemple grâce à la priorisation d’une politique nationale de prévention de la santé par l’alimentation.

Fort de ce constat, le groupe a travaillé à l’identification des freins à la mise en œuvre de ces recommandations ainsi que des leviers pour faciliter leur application.

Pour Laurence Maillart-Méhaignerie, présidente du CNA, « ces travaux s’inscrivent dans une démarche globale de suivi des avis du CNA initiée depuis 2022 et consolidée en 2023 avec ce groupe de suivi. Les productions issues de ces travaux sont, comme les avis du CNA, des œuvres collectives résultant de la concertation des membres du CNA. Elles visent à enrichir la décision publique comme privée pour assurer à toutes et tous un accès à une alimentation saine, sûre, digne et durable ».

Pour une politique à la hauteur des enjeux écologiques, de justice sociale et de santé publique

Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat

Pour une politique à la hauteur des enjeux écologiques, de justice sociale et de santé publique

Le Conseil National de l’Alimentation (CNA) a été missionné en février dernier par trois de ses Ministères de rattachement (Santé, Environnement, Agriculture) pour contribuer à l’élaboration de la future Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC), dont la publication est prévue en juillet 2023. L’ADEIC ULCC et le CNAFAL ont participé à ces travaux.

La contribution du CNA à cette stratégie nationale a été adoptée en séance plénière le 5 avril 2023 (par 41 voix pour, 18 voix contre et 7 abstentions).

17 objectifs stratégiques pouvant servir de base à l’élaboration de la SNANC ont été identifiés, structurés autour de 6 axes. Ces orientations vont permettre de fixer des caps et des échéances pour la stratégie nationale à adopter.

Des combats d’arrière-garde ?

Curieusement, alors que les enjeux concernant les évolutions climatiques, la gestion de l’eau et de l’environnement, les choix d’exploitation et de production pour garantir une alimentation et des systèmes alimentaires plus durables, s’avèrent aujourd’hui primordiaux, des « dissensus » importants sont apparus, lors des débats et au moment du vote.  La FNSEA et le réseau des coopératives agricoles ont ainsi choisi de voter contre cette contribution.

Le monde agricole est confronté à des évolutions qu’il a visiblement beaucoup de difficultés à accepter et affronter. Les évolutions sont pourtant incontournables, tant en métropole que dans les territoires ultramarins car, même en zone de montagne, nous observons une pénurie d’eau et des hausses constantes de température.

Il est donc prioritaire aujourd’hui de prendre en compte ces changements d’ordre climatique et de s’adapter rapidement aux nouvelles contraintes identifiées, en cohérence avec la politique agricole européenne.

Des choix à effectuer

Dans le contexte d’inflation que nous traversons et compte tenu des dérives observées encore récemment (dans les entreprises Buitoni et Ferrero, pour les produits Kinder notamment), des décisions s’imposent. La santé publique et l’accessibilité de tous à une alimentation de qualité (saine, sûre et durable) doivent être des priorités de la SNANC, qui devra désormais fixer un cap clair pour la transition de notre alimentation, fondée sur :

  • La hausse de la consommation de fruits et légumes frais et de sources de protéines végétales, comme les légumineuses et les céréales complètes.
  • La baisse de la consommation de produits trop gras, trop sucrés et trop salés, ainsi que des produits ultra-transformés. Une réduction aussi de la viande et de produits laitiers, afin de garantir un meilleur équilibre alimentaire.

En réponses aux dérives et à la précarité vécue par les ménages les plus modestes, il est indispensable que la SNANC définisse des règles claires en matière d’alimentation et que l’État assume mieux à l’avenir ses responsabilités, en effectuant les contrôles appropriés qui s’imposent.

Les engagements volontaires des entreprises ont malheureusement leurs limites (que ce soit en termes de production, de contrôle ou de marketing), nous avons pu le constater. La responsabilité ne doit pas reposer non plus uniquement sur les consommateurs, qui ont aujourd’hui de grandes difficultés à obtenir des informations fiables sur les produits et leurs origines. Il faut impérativement améliorer la qualité de l’offre alimentaire, en réglementant plus strictement la publicité et le marketing des entreprises et de la grande distribution sur les produits vendus.

Face à la pression de certains lobbies agricoles, des industriels de l’alimentaire et des enseignes de la grande distribution, réticents à toutes formes d’évolutions, l’ADEIC ULCC a choisi de signer un plaidoyer avec 84 autres organisations adressé sous forme de lettre ouverte à la Première Ministre Élisabeth Borne le 15 mai dernier, pour que la future stratégie nationale en matière d’alimentation, de nutrition et de climat soit ambitieuse et pleinement à la hauteur des enjeux écologiques, sociaux et de santé publique identifiés.

+ d’infos :

https://www.adeic.fr/index.php/2023/05/15/pour-une-regulation-plus-stricte-du-secteur-agroalimentaire-qui-assurerait-a-tous-une-alimentation-saine-et-durable/?fbclid=IwAR2gWEf78rnQP5xf8ubeO-NbHbzDuKeKrMAMhuXxwU5E7googjd5u7FxwDg

https://reseauactionclimat.org/lettre-ouverte-des-organisations-a-elisabeth-borne-pour-une-veritable-strategie-nationale-pour-lalimentation-la-nutrition-et-le-climat/?fbclid=IwAR30zhWLZZnd00bMU3-R8PdPm-NJSy12UESBj-srowjjVzzH0VD8I1aiYfw

Bien-être animal et abattage rituel : des évolutions à prévoir !

Cette question préoccupe depuis des décennies les services publics vétérinaires, les éleveurs, les professionnels de la viande (notamment des abattoirs), mais également les associations environnementales, de défense des consommateurs et de protection des animaux.

Les diverses problématiques posées ont été le plus souvent écartées par les gouvernements successifs car elles restent évidemment très sensibles, dans un contexte politique où les questions religieuses sont parfois exacerbées.

L’Adéic -ULCC souhaite vivement qu’à ce sujet on puisse enfin faire preuve de bon sens et d’humanité. Il parait légitime en effet en 2022, en dehors de toute considération religieuse, que les animaux destinés à l’alimentation puissent être abattus sans souffrances inutiles. C’est le cas dans de nombreux pays, y compris en matière d’abattage rituel, mais pas encore en France malheureusement.

Les personnes pratiquant les religions concernées sont-elles d’ailleurs pleinement informées ? Savent-elles que pour un bovin, par exemple, un abattage rituel sans engourdissement préalable peut provoquer une agonie extrêmement longue et douloureuse ?

Probablement pas assurément, sinon ces pratiques auraient sans doute évolué depuis longtemps, en prenant davantage en compte le bien-être animal.

Si on choisit de manger de la viande, on évite généralement de se poser la question de l’abattage des animaux, pourtant cruciale évidemment. Cette attitude d’évitement est d’ailleurs propre à tous les consommateurs, qu’ils soient religieux ou pas.

Suite aux dérives et maltraitances observées dans certains abattoirs (images vidéo chocs diffusées par l’association de protection animale L214), un Comité national d’éthique des abattoirs a été créé au sein du Conseil national de l’Alimentation (CNA). L’Adéic participe à ces travaux, depuis la création du Comité.

Pour la première fois, dans ce contexte privilégié, sans aucune tergiversation ni manœuvre de contournement, des échanges constructifs ont pu être menés de façon apaisée avec les représentants des cultes concernés. Des pistes d’évolutions ont été esquissées qui permettront sans doute d’améliorer les modalités d’abattage des animaux, grâce à un étourdissement préalable, ne provoquant pas la mort mais évitant à l’avenir les souffrances inutiles.

Nous espérons que la réglementation viendra rapidement confirmer et harmoniser ces nouvelles pratiques, dans les abattoirs comme dans les abattages extérieurs autorisés à titre exceptionnel, lors de certaines fêtes religieuses.