Jamais le budget des Français n’a été aussi malmené !

Jamais le budget des Français n’a été aussi malmené !

Depuis janvier dernier, les hausses de prix sont infernales dans de nombreux domaines, avec un rythme de 3 à 4 % par mois. En avril, le panier de référence comportant 31 produits essentiels avait atteint pratiquement 20 % de hausse sur un an. Selon l’Insee, les produits alimentaires ont bondi de 16 %. (https://www.insee.fr/fr/statistiques/7453512)

Compte tenu de la situation économique, qui impacte gravement le budget des foyers les plus modestes, le gouvernement a demandé aux enseignes de la grande distribution de fournir un effort sur les prix. Elles ont donc mis sur pied, depuis le 15 mars dernier, une opération spéciale appelée « trimestre anti-inflation », son financement reposant sur la réduction de leurs marges. L’objectif ciblé est de présenter une liste de produits de base (alimentation, hygiène) en garantissant des prix « les plus bas possibles ». Un logo gouvernemental doit permettre d’identifier ces produits en rayons de supermarché. Ses conditions d’utilisation tiennent en quatre points : fournir un effort sur le prix, assurer la disponibilité du produit ou d’un équivalent, l’identifier clairement, ne rien facturer en plus au fournisseur.

La bataille des prix et les résultats observés !

Les efforts des distributeurs étant basés sur le seul volontariat, chacun a donc pu faire ce qu’il voulait pour ce panier anti-inflation. Par ailleurs, si les prix du panier retenu par un distributeur baissent ou restent sans doute stables durant la période ciblée, l’augmentation peut concerner évidemment d’autres types de produits de l’enseigne. La revue « 60 Millions de consommateurs », a donc choisi de se plonger dans les offres et promotions des supermarchés, afin de déterminer quelles sont les plus généreuses, les plus équilibrées, les plus adaptées, mais aussi pour pointer les enseignes les moins engagées dans cette campagne anti-inflation.

Le pourcentage de réduction annoncé par Bercy loin d’être atteint selon les associations de défense des consommateurs

Reconnaissons toutefois que la bataille des prix, sous l’œil de Bercy, a bien eu lieu au cours de ce trimestre anti-inflation mais sans doute de façon assez inégale selon les distributeurs et les régions. Les principales enseignes ont engagé des moyens pour limiter les hausses des produits figurant dans les listes qu’elles ont choisies d’établir (différentes suivant les supermarchés). Ce que le Ministre de l’Économie, Bruno Lemaire et la Ministre déléguée au commerce, Olivia Grégoire, se sont empressés de souligner, en déclarant que l’initiative avait permis de « réduire d’en moyenne 13% le prix des produits concernés par le trimestre anti-inflation dans les grandes surfaces ». Le gouvernement souhaite évidemment, dans le contexte actuel, pouvoir poursuivre la démarche engagée, et il faut donc que l’opération apparaisse d’ores et déjà comme une réussite, en mettant en avant l’engagement responsable de la grande distribution.
Les associations de défense des consommateurs sont moins optimistes, les chiffres indiqués par le gouvernement (baisse de 13 % des prix) s’avèreraient en fait loin d’être atteints, d’autant que les produits intégrés dans le panier anti-inflation diffèrent d’une enseigne à l’autre. La mise en place du panier anti-inflation a été aussi variable, plus ou moins rapide suivant les entreprises. Parmi les enseignes qui se sont engagées dans l’opération, les prix des produits en question auraient baissé seulement de 5 % en moyenne. 

Quelles suites envisagées ?

Une question se pose désormais : que se passera-t-il concrètement à la fin de ce trimestre anti-inflation, au début de l’été et durant les congés estivaux ? L’action anti-inflation engagée dans les supermarchés pourra-t-elle être poursuivie durant plusieurs trimestres et sous quelles conditions ?

Les prix des grandes marques se sont en effet envolés vers des sommets, bien supérieurs à la moyenne de leurs rayons, durant ces dernières semaines. Logiquement et sauf exception (chez Monoprix par exemple), il n’y a pas de marques nationales intégrées dans ces listes anti-inflation. Dernièrement Intermarché et Casino ont dressé des listes fortes de 500 articles. Casino affirme avoir baissé les prix d’environ un tiers d’entre eux, de 10 à 15 %. Mais il faut noter que l’enseigne avait beaucoup augmenté ses prix durant les mois précédents.

En attendant les annonces sur les nouvelles mesures prévues pour combattre l’inflation, prenez la précaution de comparer les prix des produits avant d’acheter…Et n’hésitez surtout pas à nous faire remonter vos constatations au plan local, notamment les hausses injustifiées observées sur certains types de produits. Nous nous en ferons écho auprès de la DGCCRF (Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes).

 

L’Edito du Président le 13 avril 2022

Premier tour des élections présidentielles : les résultats montrent une France très fragmentée, trois grands courants idéologiques en présence qui s’opposent, avec une montée indéniable de l’extrême droite et de ses thèses d’exclusion (les Français d’abord !), un quatrième bloc de poids à prendre également en compte dans le paysage politique, celui toujours plus fort des abstentionnistes. Les anciens partis dits « de gouvernement » (LR, PS) ainsi que les Verts curieusement, qui avaient pourtant fait de bons scores aux dernières Municipales, sortent laminés de ce premier tour. Ils n’atteignent même pas les 5% de voix exigés pour espérer bénéficier d’un remboursement des frais engagés durant la campagne.

En raison de l’inflation galopante, déjà perceptible avant la guerre en Ukraine, une montée des prix touchant à la fois l’énergie (donc les transports et l’habitation), les matières premières et certaines denrées alimentaires, l’inquiétude est fortement montée en France depuis plusieurs mois. Tous les candidats l’ont-ils pleinement perçu ? Ces questions ont été probablement prégnantes dans les choix effectués par les électeurs. La consommation et le pouvoir d’achat, les problématiques de la vie chère, la question sensible des charges et taxes, se sont invités dans les débats, laissant momentanément de côté les thématiques politiques habituelles, notamment celles régaliennes de la sécurité et de l’immigration.

Les enjeux complexes représentés par l’environnement, comme les prévisions inquiétantes des rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) concernant le réchauffement climatique, n’ont pas été en revanche sources de débats ou polémiques durant la campagne. Des questions essentielles, comme celle de la souveraineté énergétique et alimentaire de la France et de l’Union européenne, auraient pu permettre pourtant d’engager à ce sujet un débat de fond, légitime et cohérent dans le contexte actuel.

La France, le pays des droits de l’homme, a fait le choix, dans le cadre de l’U.E, de faire bloc contre la Russie de Poutine. Une majorité de nos concitoyens approuve a priori ce positionnement courageux, face à la guerre et à la barbarie auxquelles nous sommes confrontés (sauf peut-être la candidate du Rassemblement National). Mais il faudra bien sûr en assumer, dans les prochains mois au plan économique et mondial, toutes les conséquences. La pénurie de certaines matières premières (céréales) va créer inévitablement une inflation des prix dans l’alimentation (les farines et les huiles en priorité) et la fin des achats de gaz et pétrole russes exigera la recherche d’autres fournisseurs d’énergie, peut-être aussi, ce serait souhaitable, une réflexion de fond sur la façon de produire et de consommer dans notre pays.

Pour les consommateurs français, les questions essentielles à se poser consisteront donc, dans les prochains mois, à savoir comment agir concrètement au quotidien, face à une poussée inflationniste des prix s’avérant incontournable. Mais aussi la soutenabilité dans la durée, par rapport à leurs budgets, des multiples augmentations subies. Parfois même, pour les travailleurs pauvres et les petits retraités, comment arriver à vivre dignement, continuer à s’alimenter de façon équilibrée, à circuler et se chauffer, sans bénéficier d’une augmentation circonstanciée des salaires et des retraites ? Dans un tel contexte de crise, il vaudrait mieux évidemment rester unis et solidaires, tant en France qu’au sein de l’Union européenne.