Pour un « contre-pouvoir » éducatif

Les dérives de la fast fashion et ses effets néfastes sur l’environnement, la santé, les conditions de travail ont défrayé la chronique dans l’actualité récente.

L’ADEIC condamne les pratiques de ces entreprises et plateformes sans foi, ni loi et réclame une action plus vigoureuse des pouvoirs publics français et européens.

Mais pour une association crée il y a quarante ans par une Fédération syndicale enseignante (la FEN aujourd’hui UNSA éducation), dont de nombreux militants et adhérents sont issus de ce secteur professionnel, l’éducation à la consommation doit être également une réponse prioritaire.

Sans ignorer la problématique de pouvoir d’achat qui pousse les consommateurs vers ces plateformes (24% des Français achètent des vêtements issus de l’ultra fast fashion et les 18–35 ans en sont les plus grands consommateurs), l’éducation peut-être un moyen de sensibiliser les futures générations sur les conséquences désastreuses de ce type de commerce.

Face à la puissance sans limites des réseaux sociaux consultés dès le plus jeune âge, la propagande des influenceurs en tous genres, c’est un véritable contre-pouvoir éducatif qu’il faut développer.

La pression commerciale intensifiée ces dernières années par l’explosion du numérique a changé d’échelle, ciblant par tous les canaux possibles des jeunes pour qui la mode a toujours été un vecteur identitaire, l’expression d’une recherche de nouveauté parfois de transgression.

La sensibilisation dès le plus jeune âge à la nécessité d’une consommation responsable, éthique est donc un impératif.

L’éducation à la consommation participe en effet dans une démarche plus large à l’éducation du citoyen, comme celle dédiée aux médias, à la solidarité nationale et internationale, au développement durable…

A cet égard, l’éducation nationale a un rôle majeur à jouer en mettant en valeur les programmes concernés, en formant les enseignants.

Les associations comme la nôtre y prennent toute leur part mais les menaces sur les subventions esquissées dans le projet de budget 2026 pourraient remettre en cause les actions conduites auprès des jeunes publics.

L’Institut national de la consommation ( INC ) est également dans le collimateur du gouvernement, sa publication « 60 millions junior » a été malheureusement arrêtée en mars 2025, privant les acteurs de l’éducation d’un outil pédagogique précieux.

Devant ces défis majeurs, l’ADEIC continuera sans relâche son action auprès des enfants et des jeunes, avec ses adhérents, ses militants, ses bénévoles investis sur le terrain.

Alors que selon un récent sondage 84 % des 6-18 ans seraient prêts à changer leurs comportements de consommation, que l’achat de seconde main est une pratique en essor chez les jeunes, le combat est loin d’être perdu, à condition bien sûr qu’il soit mené…

 

Pesticides : 114 organisations dont l’ADEIC exigent le retrait immédiat du projt « omnibus VII » de la Commission européenne qui accorderait des autorisations illimitées à la grande majorité des pesticides

Pesticides : 114 organisations dont l’ADEIC exigent le retrait immédiat du projet « omnibus VII » de la Commission européenne qui accorderait des autorisations illimitées à la grande majorité des pesticides

Paris, le 1er décembre 2025

Dans une tribune parue dans Le Monde du 1er décembre  plus de 110 organisations de défense de l’environnement, de la santé publique, de l’agriculture paysanne, des associations de patients et d’usagers dénoncent la tentative de la Commission européenne de déréguler massivement les pesticides via le projet dit « omnibus VII » sur la sécurité des aliments.

De nombreuses mesures inquiétantes sont proposées dans ce texte à paraître officiellement le 16 décembre, mais un point a particulièrement suscité notre inquiétude : la suppression du réexamen systématique et périodique (tous les 10 ou 15 ans) des autorisations de mise sur le marché pour la très grande majorité des substances pesticides. Concrètement, si cette mesure était adoptée, des centaines de pesticides chimiques bénéficieraient d’une autorisation à vie, et il sera très difficile de prendre en compte les nouvelles données scientifiques démontrant leur dangerosité.

« Sans cette procédure de réexamen, des substances aujourd’hui interdites comme le chlorpyriphos (neurotoxique), le mancozèbe (perturbateur endocrinien et toxique pour la reproduction), le chlorothalonil (qui contamine massivement les eaux) ou le phosmet seraient toujours autorisées en Europe », alertent les signataires. Générations Futures a recensé au moins 23 substances non classées « candidates à la substitution » qui n’ont été interdites que grâce à ces réexamens depuis 2011.

Cette proposition va à l’encontre de plusieurs décisions de justice récentes, dont un arrêt de la Cour administrative d’appel de Paris du 3 septembre 2025 qui pointe déjà le caractère lacunaire des évaluations actuelles des pesticides par les agences sanitaires.

Les signataires appellent à une mobilisation citoyenne massive et demandent à la Commission européenne de retirer immédiatement ce projet qui « ferait reculer l’Europe de plus de 30 ans en matière de protection de la santé et de l’environnement ».

Notes : Les citoyennes et citoyens qui le souhaitent peuvent également signer cette tribune en cliquant sur ce lien : https://shaketonpolitique.org/petitions/pesticides-omnibus/ Ils pourront ainsi être également tenus informés des actions à venir portées par nos ONG sur ce dossier.

Nous invitons également les internautes à interpeller les décideurs grâce à notre outil Shake ton politique en se rendant sur ce lien.

La conquête sans limite du géant Shein

Les associations de consommateurs comme la nôtre, en France et en Europe, dénoncent depuis de nombreuses années les dérives du modèle de l’ultra fast fashion qui pousse à consommer et à polluer toujours plus. Nous agissons au quotidien pour faire prendre conscience aux consommateurs des enjeux de la surconsommation, du jetable, du futile, de l’accessoire. L’information, l’éducation des consommateurs à une consommation éclairée, durable, responsable, c’est pour nous essentiel.

Ainsi, nous nous opposons fermement à l’ouverture par l’entreprise chinoise SHEIN d’une boutique physique en partenariat avec le BHV et nous dénonçons les dérives du modèle de l’ultra fast fashion incarné par cette enseigne.

Lire le communiqué de presse

Communiqué de Presse SHEIN de l'ACLC

 

« Rencontres de l’Adéic » sur l’eau potable : de riches échanges sur un enjeu majeur de consommation

Depuis plusieurs années, l’Adéic s’attache à informer les consommateurs sur la question de l’eau potable, sa qualité et son accès sur nos territoires. C’est donc tout naturellement que les premières « Rencontres », organisées à l’occasion de notre Assemblée Générale du 1er avril 2025, se sont portées sur le sujet. Nous avons ainsi convié des spécialistes de la question à Saint-Paul-lès-Dax, dans Les Landes (40), pour discuter des ressources en eau potable en France en 2025, et en explorer les enjeux économiques, sanitaires et écologiques.

 

          Quelques jours après la journée mondiale de l’eau, et alors que le sujet de l’eau potable anime régulièrement les plateaux télé et les émissions de radio, l’Adéic a consacré une table-ronde sur le sujet avec trois spécialistes : Jean-Michel Maïs, président du syndicat mixte des Rivières Côte Sud, Benoît Auguin, directeur adjoint du SYDEC, syndicat d’équipement des communes des Landes, et Régis Taisne, chef du département « cycle de l’eau » à la FNCCR (Fédération nationale des Collectivités Concédant Régie). L’objectif de cette table-ronde était de comprendre les problématiques de l’eau potable à l’aide notamment d’acteurs locaux, qui travaillent à la qualité de l’eau dans le département des Landes.

 

          La première partie de la rencontre a permis de dresser un état des lieux de l’eau potable sur tout le territoire, et plus particulièrement dans la région où nous tenions notre assemblée. Régis Taisne a présenté les critères utilisés pour évaluer l’eau en France, ainsi que les seuils « acceptables » pour la rendre potable. Il a également pointé du doigt l’aspect arbitraire de ces seuils, qui qui ne prennent pas en compte l’accumulation et le mélange de polluants persistants dont on ne connait pas les effets sanitaires. Au niveau local, Jean-Michel Maïs a partagé sa connaissance des milieux naturels en bord de rivière, pour expliquer comment certaines espèces invasives, favorisées par le changement climatique, étouffent les cours d’eau et gênent leur renouvellement. Enfin, Benoît Auguin a fait part de son expertise sur les captages d’eau potable dans les Landes, et a précisé comment ces points étaient entretenus et surveillés.

          Dans un deuxième temps, nous avons abordé le sujet de la consommation d’eau en bouteille. Julie Vanhille, secrétaire générale de l’ADEIC, a évoqué le désarroi des consommateurs. D’un côté, ils se méfient de l’eau du robinet leur préférant les bouteilles d’eau, pour des questions de goût, d’attractivité liée à la marque, ou de garantie sanitaire. De l’autre, le scandale récent sur l’eau de la source Perrier a semé le doute sur la qualité des eaux en bouteille. Nos intervenants ont rappelé que la firme Nestlé a utilisé des filtres non conformes à l’appellation « eau gazeuse naturelle, ce qui témoigne de la difficulté à garantir aujourd’hui une eau « naturelle », alors que les captages sont de plus en plus pollués.

Par ailleurs, Jean-Michel Maïs a rappelé le danger des packs d’eau exposés au soleil derrière une vitre, dans certaines épiceries ou supermarchés, ce qui accélère la dégradation des bouteilles et la libération de microplastiques.

          Enfin, les trois intervenants ont été sondés sur l’avenir de l’eau potable en France. Si le département des Landes dispose de captages fiables et d’une bonne gestion de l’eau potable, des régions avoisinantes souffrent de sécheresses répétées, ce qui nécessite l’utilisation de captages non conformes avec un processus de purification, pour assurer un accès à l’eau potable pour tous. Face au dérèglement climatique, nos invités ont fait part de leurs inquiétudes, mais également de solutions possibles, comme une limitation de l’agriculture intensive au profit d’une gestion plus économe de l’eau. En conclusion, la question du prix a été abordée : face à une augmentation inévitable du coût de l’eau, qui doit payer ? D’où doivent venir les fonds nécessaires au contrôle et à la purification de l’eau, alors même qu’elle doit être économisée, et donc « achetée » en de moins grandes quantités ?

 

          Les questions et remarques du public en présence, mais aussi en visioconférence, ont enrichi la rencontre et témoigné de l’intérêt suscité par ce sujet. Le discours inaugural du président d’honneur, Patrick Mercier, ainsi que la conclusion du président de l’Adéic, Patrice Bedouret, ont insisté sur l’importance d’éduquer et d’informer les consommateurs sur des sujets auxquels ils sont confrontés quotidiennement.

          Nous remercions les spécialistes qui se sont déplacés pour l’occasion, le public présent, le Brit Hôtel de St-Paul-lès-Dax, qui nous a accueilli, ainsi que l’équipe de l’Adéic qui a œuvré au bon déroulement de ces premières rencontres. Fort de cette expérience, l’Adéic vous donne rendez-vous pour d’autres Rencontres sur un nouveau sujet de consommation quotidienne !

Ateliers de sensibilisation à la consommation durable : une première expérience prometteuse !

Depuis novembre dernier, notre union l’ACLC (nouvelle appellation de l’ULCC depuis février 2025) travaille à la mise en place d’une série d’ateliers de sensibilisation à la consommation durable, auprès de publics de tous âges et dans plusieurs villes, dans le cadre d’un projet financé par la DGCCRF.  Après une série de colloques destinés à nos bénévoles, où nous avons traité de la consommation durable et plus spécifiquement du gaspillage alimentaire, de l’impact du numérique et du textile sur l’environnement, les premiers ateliers pour enfants et pour adultes ont été lancés, à Evry-Courouronnes et à Nantes. Retour sur ces premières journées d’échange.

L’objectif de l’ACLC est de suivre sur une série de 5 séances des groupes d’enfants, d’adolescents et d’adultes, que nous nous engageons à sensibiliser aux pratiques de consommation durable dans plusieurs domaines de la vie quotidienne.

Nous tenions à ce que ces ateliers soient accessibles à tous, en Île-de-France comme en régions, dans des quartiers de centre-ville comme en périphérie. Nos premières interventions se sont donc déroulées à la Maison de Quartier Gisèle Halimi, d’Evry-Courcouronnes, avec un public adulte et enfant issu de cette ville populaire.

Des ateliers pour enfants et adultes

Nous avons d’abord rencontré un groupe d’adultes et un groupe d’enfants, en présence d’une psychosociologue, afin de les écouter sur leurs habitudes de consommation et ce qu’ils et elles entendaient par « consommation durable ». Ces « focus-groupes » adaptés selon l’âge des publics, ont fait émerger des discussions intéressantes sur le tout-jetable, le gaspillage, la surconsommation, et les a priori que nous pouvons avoir, notamment sur les vêtements de seconde main. Sans vouloir donner des leçons, nous avons plutôt cherché à aiguiser la curiosité de ces publics sur les pratiques de consommation durable et les moyens d’y parvenir.

Pour notre deuxième intervention, des ateliers étaient proposés sur le gaspillage alimentaire. Les enfants ont participé à un quiz en équipes, et à un jeu sur la meilleure manière de conserver les aliments, tandis que le groupe d’adultes a réfléchi aux situations où s’effectuait le gaspillage, de l’achat à la préparation des repas. Ces ateliers coopératifs et ludiques ont permis aux participants d’associer la consommation durable à leur quotidien, l’idée étant qu’ils puissent ramener chez eux certaines questions et certains changements.

Un premier bilan enthousiasmant

Pour Flora Strodeur, animatrice de l’association Evolusciences, avec qui nous coopérons pour le groupe enfants, ces ateliers s’intègrent à un travail plus large de sensibilisation au développement durable. D’après elle « cet atelier est une expérience de collaboration très intéressante : l’ADEIC apporte des connaissances et des outils, nous apportons de la pédagogie autour du public enfant ». Elle précise que si les enfants avaient entendu parler de termes comme « consommation durable » ou « gaspillage alimentaire », ils « ne comprenaient pas toujours de quoi il s’agissait ou ce que cela impliquait ». L’atelier s’est alors efforcé de rendre ces enjeux plus accessible et d’« aborder les notions sous un angle que les enfants peuvent comprendre : par exemple, en les reliant à des expériences de leur quotidien ».

 

Nous sommes heureux de constater que les participants ont répondu avec enthousiasme à nos propositions d’ateliers, et espérons que les prochains rendez-vous susciteront autant de motivation et de réflexions. Des rencontres entre l’ACLC et d’autres groupes d’enfants, ados et adultes sont prévus à Nantes, à Lyon à Dijon et à Marseille. De quoi susciter, nous l’espérons, des envies de consommer plus durablement à travers tout le territoire !

Les PFAS dans nos pichets : où en sommes-nous ?

Le 20 février dernier, le Parlement a adopté une proposition de loi visant à lutter contre les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS dits «polluants éternels»). Cette loi prévoit d’interdire dès 2026 la fabrication, l’importation et la distribution de produits cosmétiques et vêtements contenant des PFAS. C’est une victoire pour les associations de consommateurs et de défense de l’environnement qui s’étaient mobilisées pour une régulation plus stricte. Mais qu’en est-il de la présence et de la persistance des PFAS dans l’eau potable? L’Adéic-ACLC fait le point sur la situation.

La question des PFAS n’est pas nouvelle : utilisés dès les années 40 pour leurs propriétés imperméabilisantes, antiadhésives et résistantes à la chaleur, ces substances enveloppent nos poêles, emballages alimentaires et textiles imperméables. Au début des années 2000, l’affaire DuPont, aux États-Unis, a révélé la contamination massive de l’eau potable par les PFAS employés dans la fabrication du Teflon, entraînant des effets cancérigènes dévastateurs pour la population locale. En France, les usines rhodaniennes Arkema et Daikin ont été l’objet d’une enquête en 2022. Elles étaient accusées d’avoir rejeté dans le Rhône des PFAS à des taux bien supérieurs à ceux autorisés dans l’Union européenne.

Qu’en est-il exactement de la toxicité des PFAS?

Ces substances sont particulièrement stables et persistantes dans l’environnement. Elles peuvent s’accumuler dans l’organisme sans se dissoudre, et créer de graves problèmes de santé. Bien qu’il existe plus de 4700 sortes de PFAS répertoriés, certains sont extrêmement préoccupants d’après l’ANSES, en raison de leur durée de vie étendue et de leur haute toxicité. C’est le cas des PFOA, associés à des problèmes immunitaires, rénaux, ou thyroïdiens, ou encore du PFOS, toxique pour le foie et interdit depuis 2009. Aujourd’hui, au niveau européen, les teneurs maximales à respecter pour les eaux potables sont de 0,50 μg/l pour le total des PFAS, ou 0,10 μg/l pour la somme des vingt PFAS les plus dangereux.

Mais concrètement, que valent ces seuils et sont-ils respectés?

Certains pays ne considèrent pas le seuil européen comme suffisant. Au Danemark, dont la législation est la plus stricte, la norme est fixée à 0,002 μg/l pour les quatre PFAS les plus préoccupants, au lieu de 0,10 μg/l en France. Cet écart montre la variabilité de ce qu’on estime tolérable, et interroge sur le seuil limite pour une eau «potable».

Si l’on s’en tient aux normes établies au niveau européen, de nombreuses communes françaises sont contaminées par des PFAS à des concentrations inacceptables. Selon un article du Monde de janvier 2025, on a trouvé un taux record de 13 μg/l de TFA dans les eaux de Moussac (Gard). Cette pollution serait liée à la proximité d’une usine ayant produit du TFA jusqu’à septembre 2024. De fortes concentrations ont aussi été mises en évidence à Paris, avec 6,2 μg/l dans le 10e arrondissement en novembre 2024. Ces taux sont dus à plusieurs facteurs. La réglementation peine à être appliquée : des usines ont tardé à se conformer à des interdictions elles-mêmes très récentes. Certaines substances obtiennent des dérogations : le TFA ne fait pas partie de la liste officielle des PFAS les plus «préoccupants» en France, malgré sa haute toxicité.

Alors, que peut-on attendre de la nouvelle régulation des PFAS, sur la qualité de l’eau?

Le texte adopté le 20 février 2025 prévoit le contrôle obligatoire de la présence de PFAS dans l’eau potable et un bilan annuel régional et national de sa qualité. Une cartographie des sites ayant pu émettre des PFAS sera mise à jour régulièrement et accessible en ligne , ce qui augure d’une meilleure information pour le consommateur.

La nouvelle législation oblige les pollueurs à payer une redevance à hauteur de 100 € pour 100 g de PFAS rejetés dans l’eau. Cette redevance financera les agences de l’eau et les processus de dépollution. Enfin, les programmes d’analyse prévus par les Agences Régionales de Santé, dont les résultats seront publiés chaque année, concerneront à la fois les eaux en bouteilles et celles du robinet.

Ces résolutions, majeures pour la santé publique, correspondent aux attentes des consommateurs d’une information accessible et la plus exhaustive possible. Néanmoins, on peut regretter que certaines mesures proposées par le texte initial aient été écartées, comme l’interdiction des PFAS à tous les produits d’ici 2027. Ces polluants éternels risquent d’apparaître encore un certain temps dans notre eau, et nous devons rester vigilants face à leur dissémination.

L’ULCC au cœur de l’éducation à la consommation durable !

Depuis de nombreuses années, les associations ADEIC, ALLDC et CNAFAL, membres de l’ULCC, défendent au quotidien les valeurs d’un consumérisme social et environnemental. A l’échelon local, elles sensibilisent les consommateurs à des pratiques de consommation plus respectueuses de l’humain et de l’environnement. Au niveau national, elles impulsent des projets, des actions et participent à des groupes de travail dédiés à une consommation plus sobre et responsable.

En juillet 2024, la DGCCRF lançait un appel à projet à destination des associations de défense des consommateurs agréées sur le thème : « sensibilisation et accessibilité des consommateurs aux pratiques de consommation durables ». Plusieurs associations y ont répondu et c’est le projet de l’ULCC intitulé « La consommation durable, partout et pour tous avec l’ULCC » qui a été retenu. C’est pour l’ULCC une véritable opportunité de mieux se faire connaître comme spécialiste de l’éducation à la consommation durable. Ce projet se déroule de janvier à septembre 2025, et se compose de plusieurs phases.  La première repose sur un cycle de colloques à destination des membres de nos associations, bénévoles, salariés, stagiaires, administrateurs.

Retour sur une journée riche en connaissances et en échanges

Pour la mise en place de ce projet, l’ULCC a choisi des partenaires publics et associatifs qui partagent avec elle une mission générale d’information, de sensibilisation, d’éducation des consommateurs. Durant cette première phase du projet, trois webinaires sont organisés au cours du mois de janvier.

Le premier s’est tenu le 15 janvier 2025 dans les locaux de la Fédération Léo Lagrange, à Paris et il était également accessible en visioconférence. Pour cette première journée d’échanges, Florence Clément, responsable de la mobilisation grand public et jeunes & éducation à l’ADEME a accepté de nous expliquer : pourquoi repenser notre façon de consommer ? Avec elle, nous avons pu débattre de l’évolution de notre manière de consommer, des conséquences pour la planète et pour notre bien-être de cette accumulation d’objets. Après une prise de conscience collective sur la nécessité de changer nos comportements, elle nous a partagé des outils proposés par l’ADEME pour s’autodiagnostiquer et trouver, en fonction de ses besoins et des situations personnelles, des solutions pour progresser à son rythme. Après un déjeuner convivial, nous avons pu partager des idées de contenus pédagogiques, des outils pour à notre tour, sensibiliser les consommateurs, qu’ils soient élèves en CM1, lycéens, mamans solo, ou retraités. Chacun peut se sentir concerné, et c’est à nous de trouver le moyen de les embarquer vers une consommation moins impactante sur l’environnement.

Et après ?

Deux autres sessions de ce type se tiendront en janvier, et concerneront des thématiques que l’ULCC a identifié comme prioritaires dans son projet. Il s’agit de l’impact de la mode et des appareils électroniques et numériques sur l’environnement, et de l’impact de l’alimentation sur l’environnement, où comment lutter contre le gaspillage alimentaire. Ces deux sessions seront animées par d’autres partenaires de l’ULCC : le Collectif de l’’Ethique sur l’Etiquette, et l’Association Française de Normalisation (AFNOR).

Cette première journée de travail a rassemblé une cinquantaine de personnes, que nous remercions chaleureusement pour leur présence, et qui sont aujourd’hui volontaires pour sensibiliser à leur tour d’autres consommateurs sur le territoire.

Baisse de la consommation bio en France : moins d’intérêt ou de plus grandes difficultés ?

Depuis le début des années 2020, une tendance semble se confirmer, accentuée par les diverses crises et leurs répercussions sur la consommation : le bio perd du terrain, et les labels environnementaux ou éthiques ne semblent plus être aussi recherchés. Cependant, si le marché du bio est effectivement en difficulté, il n’a pas dit son dernier mot et cherche constamment à se renouveler.

Au premier semestre 2024, dans la grande distribution, les produits bio poursuivent une baisse significative de leur chiffre d’affaires, initiée depuis le début des années 2020. C’est ce qu’expose un rapport de l’Agence Bio de septembre 2024 : tous les produits bio ont vu leur vente diminuer, plus ou moins sévèrement, sur ces deux dernières années. Comment expliquer cette situation ?

L’inflation a beaucoup joué dans une baisse tendancielle de cette consommation. En effet, toujours selon ce rapport, on constate un glissement des achats vers des produits non-bio, moins onéreux, mais aussi moins exigeants. Cependant, on peut aussi constater que la grande distribution n’a plus autant misé sur le bio, réduisant les possibilités d’achat et la mise en avant des produits. Car si la vente baisse dans les supermarchés, elle ne connaît pas toujours la même trajectoire ailleurs.

En effet, selon circuits-bio.com, en 2023, la vente directe, par les producteurs, a connu une croissance de 8,7%, représentant 14% des ventes totales de bio. Du côté des magasins spécialisés, même s’ils ont accusé de nombreuses fermetures ces dernières années (254 en 2022 et 298 en 2023), les enseignes restantes connaissent une croissance de 2,2% de leur vente au niveau national, et le circuit a réussi à générer 70 M€.

On le comprend, la situation du marché bio est mitigée : elle ne connaît pas la dégringolade spectaculaire qu’on veut parfois lui attribuer, mais elle dans une relative stagnation depuis 2023. Si l’achat de bio pour la consommation à domicile garde un certain dynamisme, ça n’est pas le cas pour le bio dans les cantines, qui a reculé à 6% en 2023 (alors que l’objectif du Plan National Nutrition Santé était d’atteindre 20%), ni pour la restauration commerciale, où le bio ne représente qu’1% du marché !

Une production moins attrayante ?

Cette “crise” du bio est à considérer également en termes de production. En effet, la surface dédiée au bio a diminué ces dernières années. En 2023, la part en bio de la surface agricole utile de l’Hexagone (environ 26,7 millions d’hectares) était de 10,36 %, contre 10,50 % en 2022, ce qui représente une diminution de 54 000 hectares au moins. Une baisse qui s’explique par le retour en “conventionnel” de grandes surfaces fourragères, et qui montre que les aides à la conversion n’ont pas été suffisantes pour les agriculteurs. La FNAB (Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique) explique d’ailleurs dans un communiqué que “ce sont bien des aides dans la durée qui permettent d’inciter au passage en bio, pas des aides très généreuses sur une période courte. ».

Car si les agriculteurs ont pu se lancer dans le bio ces vingt dernières années grâce au soutien de l’Etat, les crises géopolitiques récentes n’ont pas été compensées par une aide suffisante. Dans un récent reportage de France 3, un éleveur porcin de la région Centre-Val-de-Loire explique ainsi que la guerre en Ukraine et la montée des prix a rendu  la vente de bio plus incertaine, et l’apport de nourriture bio pour le bétail trop cher. La déconversion a permis aux éleveurs de maintenir une nourriture satisfaisante et des conditions de vie décentes pour les animaux. Cela illustre bien les déconvenues et la résignation d’agriculteurs pourtant attachés à une production qualitative et respectueuse du vivant.

Une filière qui s’adapte et se renouvelle

Néanmoins, on peut opposer à cette déconfiture de l’agriculture bio quelques signes rassurants pour l’avenir. Certains commerçants bio ne connaissent pas la crise, en particulier les sites de e-commerce comme La Fourche ou Bene Bono. Alors que le bio dégringolait dans les supermarchés, le site La Fourche a ainsi connu une hausse de 75% de son chiffre d’affaires en 2023, selon le site lsa-conso, et le site Bene Bono, ouvert en 2020, qui mise sur des invendus à prix réduit, a annoncé une levée de fonds de 10 millions d’euros. De plus, les perspectives semblent plutôt optimistes pour le bilan 2024, avec une hausse prévue de 2% du marché bio sur l’ensemble du territoire.

Malgré les difficultés économiques, les préoccupations des consommateurs concernant leur alimentation et ses conditions de production sont toujours présentes, et la filière bio n’a pas fini de se dynamiser, à l’aide de nouveaux modes de commercialisation. Le marché du bio peut donc envisager un avenir, sinon serein, au moins de maintien et d’adaptation, dans une société où manger sainement et rétribuer équitablement les producteurs apparaît de plus en plus important.

Pose de panneaux solaires : neuf ans de galères

En 2015, Mme N. fait poser huit panneaux solaires photovoltaïques par une société spécialisée, sur la toiture de sa maison et de son garage, ainsi qu’une centrale solaire. Trois ans plus tard, en octobre 2018, elle remarque une voie d’eau et des infiltrations dans la toiture, en raison de malfaçons de l’installation. Contrainte de faire appel en urgence à un couvreur, qui lui facture 150 €, elle signale immédiatement la malfaçon, mais ce n’est qu’en janvier 2019 qu’un technicien de l’entreprise se déplace pour un simple examen, sans aucune suite.

En 2021, un autre incident pousse Mme N. à signaler des eaux pluviales fuyant dans le grenier, à cause de fissures du matériel, mais l’entreprise ne donne aucune réponse. Un an plus tard, c’est le moteur de l’installation qui disjoncte et fait disjoncter celui de l’aérovoltaïque : là encore, la réponse se fait attendre, et l’entreprise finit par rétorquer plusieurs mois plus tard, que la garantie décennale ne s’appliquait pas.

Tout au long de l’année 2023, Mme N. a cherché à joindre l’entreprise par tous les moyens, laquelle ne s’est manifesté qu’en août pour une simple visite technique, sans intervention. Après avoir insisté, l’adhérente obtient la pose d’ardoises pour une réinstallation des panneaux sur le garage, mais la toiture de la maison reste inchangée, bien que défectueuse.

En février 2024, un mail étonnant de l’entreprise, qui lui demande plusieurs documents pour l’étude de son dossier, décide Mme N. à solliciter l’Adéic. Elle comprend que l’entreprise a ignoré les réclamations en attendant la fin de la garantie décennale, qui se terminait en août 2025.

L’association met donc en demeure l’entreprise d’intervenir sans délai chez Mme N. pour remédier aux malfaçons et reposer l’ardoise sur le toit de sa maison. Elle argue du fait que l’entreprise engage sa responsabilité, si la prestation exécutée est non conforme, et qu’elle a une obligation de résultat.

Mme N. a réclamé à bon droit la mise en œuvre de la garantie décennale, prévue à l’article 1792 du code civil, et selon laquelle « Tout constructeur d’un ouvrage est responsable de plein droit, envers le maître ou l’acquéreur de l’ouvrage, des dommages, même résultant d’un vice du sol, qui compromettent la solidité de l’ouvrage ou qui, l’affectant dans l’un de ses éléments constitutifs ou l’un de ses éléments d’équipement, le rendent impropre à sa destination. Une telle responsabilité n’a point lieu si le constructeur prouve que les dommages proviennent d’une cause étrangère. ». Ce principe est d’ordre public : aucune clause contractuelle ne peut exonérer le débiteur ou en limiter la garantie.

À la suite du courrier de mise en demeure, l’entreprise s’est engagée pour une intervention rapide ainsi que le remboursement de l’achat des ardoises et de l’intervention du couvreur.

La pose de panneaux solaires peut être une très bonne idée, qui concilie geste pour l’environnement et économies d’énergie, mais les arnaques et entreprises malhonnêtes sont nombreuses. Avant de souscrire à une offre, vous pouvez vous renseigner sur les qualifications et les labels de l’entreprise, sur france-renov.gouv.fr, ou bien faire directement appel à un conseiller France Rénov’

Origine des produits alimentaires : des pistes pour mieux informer le consommateur ?

Dix ans après la création du Nutri-score, et juste après l’amélioration de son algorithme, de nouveaux outils d’évaluation et de traçabilité des aliments voient le jour en France, à des stades plus ou moins avancés. Si les consommateurs plébiscitent ce genre d’affichages, les industriels y sont rarement contraints.

 

Selon une étude de 2023, citée par le ministère de l’Economie, plus de 8 français·e·s sur 10 trouvent important de connaître l’origine des produits qu’ils achètent. Si l’origine géographique des produits bruts comme les fruits et légumes est obligatoire en rayons, celle des produits transformés n’a jamais fait, jusqu’à présent, l’objet d’une loi contraignante.

C’est pourquoi Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, a lancé en mars dernier la démarche « Origine-Info », ayant pour but d’indiquer sur les emballages des produits alimentaires, même transformés, l’origine de leurs principaux ingrédients. Cette démarche, dont le cahier des charges et le logo devraient être dévoilés au cours du mois de mai, s’avère cependant non exhaustive : il s’agira de préciser la provenance des deux ou trois ingrédients principaux du produit, sans code couleur particulier. Un QR code pourrait venir compléter ces informations.

Qui plus est, si de premières expérimentations sont prévues dans nos magasins pour cet été, cette démarche reste sur la base du volontariat. Seules les enseignes de « bonne volonté » proposeront donc des produits étiquetés « Origine-Info ». Pour la ministre, « une quarantaine de marques industrielles » serait volontaire pour tester le dispositif, parmi lesquelles Fleury Michon, Bonduelle, D’Aucy, Yoplait, et les marques de distributeurs (MDD). Mais si ces affichages restent à la bonne volonté des marques, celles-ci risquent d’apposer l’origine des aliments seulement si cela redore leur image, et de laisser toute une partie des ingrédients dans un flou géographique. Des négociations à venir, en 2025 à Bruxelles, permettront peut-être d’engager une démarche plus contraignante à l’échelle européenne.

L’origine des viandes s’étend aux produits transformés

Autre progrès – apparent – dans la transparence de l’information : depuis un décret du 4 mars dernier, l’origine des viandes doit apparaître dans les compositions des produits transformés. Cette décision concerne les restaurants, cantines et établissements, proposant des repas à emporter ou à livrer. Si la viande « brute » et le poisson étaient déjà soumis à une traçabilité stricte, il n’en était rien, jusqu’alors, pour des produits transformés comme les nuggets ou le cordon bleu. Le décret vise aussi à préciser si l’animal a été élevé et abattu au même endroit, ou s’il s’agit de deux pays différents.

Néanmoins, ce décret, adopté essentiellement pour répondre aux revendications des agriculteurs (qui exigeaient l’indication systématique de l’origine des produits), s’avère limité et peu contraignant : ces obligations ne s’appliquent que si le restaurateur « a connaissance » de l’origine de ses produits. Or, rien ne l’oblige pour l’instant à vérifier ces informations de son fournisseur. De plus, dans certaines conditions, la mention du pays peut être remplacée par la mention « UE » ou « non UE », des indications vagues et peu marquantes pour les consommateurs. Il s’agit là encore d’une décision prise rapidement, face à l’urgence d’une crise, mais qui ne se donne pas les moyens d’être appliquée systématiquement.

Un projet d’étiquette pour évaluer le bien-être animal ?

En plus de l’origine, d’autres critères font l’objet d’une attention croissante de la part des consommateurs. C’est le cas du bien-être animal, défendu par de nombreux labels, mais qui n’a bénéficié d’aucune évaluation homogène jusqu’alors. C’est pourquoi l’ANSES a publié le 2 mai dernier un rapport en faveur d’un étiquetage commun à toutes les bêtes, sur tout le territoire. Pour l’Agence nationale de santé, il importe de fonder l’évaluation du bien-être animal sur des indicateurs scientifiques du bien-être, mesurés directement sur les animaux, et pas uniquement sur leurs conditions d’élevages. Le rapport propose une classification harmonisée à 5 niveaux, sur le modèle du nutri-score. Si le niveau E correspond au respect minimum des exigences européennes, les niveaux supérieurs prennent davantage en compte les conditions de vie, ainsi qu’un « état mental et physique positif » de l’animal, que ce soit au cours de l’élevage, du transport et de l’abattage.

Ainsi, l’ANSES identifie six domaines présentant des facteurs de risque : la génétique, l’alimentation, l’environnement, la santé, les interactions comportementales et l’état mental. L’évaluation porterait sur l’animal en priorité (sa production, sa motivation, son sommeil, ses blessures…) et sur son environnement (hébergement, place de couchages, nature du sol…). L’agence prend également en compte les conditions de vie des ascendants des animaux, qui doivent être renseignées, faut de quoi la note ne dépasserait pas le niveau C.

Le travail de l’ANSES paraît cohérent, précis et applicable, et coïncide avec une réelle préoccupation européenne. Il correspond aussi au souci croissant des consommateurs de savoir où, comment et avec quelles précautions ont été produits les aliments qu’ils achètent. Il reste à espérer, et à lutter pour qu’une volonté politique fasse suite à ces appels, et fasse prévaloir l’information du consommateur sur des intérêts purement financiers.

MAJ : Depuis l’été 2024, le label Origin’Info est en cours d’expérimentation avec un logo unique sur plus d’une centaine de marques en magasin. Plus d’infos sur economie.gouv